De l'indécision des prénoms
"Choisir un prénom est un acte de liberté incroyable : c'est une création qui s'accompagne de l'impression de baliser un destin." [Alice Chansenet]
… Mouais… Alors Alice, ce n’est pas totalement faux ; mais pour ce qui est de la liberté incroyable, tu repasseras ! Parce qu’effectivement, c’est peut-être facile de donner un prénom, mais encore faut-il que celui que vous choisissez pour votre rejeton ne le voue pas aux gémonies.
En ce qui nous concerne, Chérie et moi, nous n’étions pas forcément d’accord dès le début. Chérie ne proposait que des prénoms qui sentaient l’ancien, comme Gustave, Auguste, Hortense ou encore Zélie, alors que moi, je proposais plutôt… heu... 'fin... c't'a dire... rien ! non mais sans blague, il n’a jamais été tâche plus difficile que celle de trouver un prénom pour sa progéniture. Et ceci est d'autant plus compliqué qu'il nous en fallait trouver un pour garçon ET fille (l'inconvénient de ne pas vouloir connaître le sexe).
Il y a bien des gens qui essayent de vous donner un coup de main. Par exemple, pas plus tard que l’autre jour, la mère de Chérie avait proposé Cosette si c’était une fille. Alors, comment dire… pour avoir les services sociaux au cul dès la nurserie, y a pas mieux je pense !
Et puis, il y a les prénoms que vous aviez aimés, dans le passé, mais qu'aujourd'hui vous ne pouvez plus blairer. J’ai été surveillant dans des établissements scolaires pendant 6 ans ; je peux vous dire que la liste des prénoms que j’appréciais s’est réduite comme peau de chagrin.
Il y a aussi des prénoms qui sont vraiment difficiles à porter, soit parce qu’ils sont connotés (notamment celui du tristement célèbre nabot moustachu), soit parce qu’ils évoluent mal avec le temps. Exemple, Kévin. Quand le gamin a 5 ans, ça passe. Quand il en a 15, ça fait ado boutonneux à la voix qui déraille et qui a deux de tension. Mais quand il aura 75 ans ? "Viens Michel, on va chez pépé Kévin !" A bannir donc.
Il y a également les timbrés qui inventent des prénoms. Je ne fais entrer dans cette catégorie de personnes que ceux qui offrent un grand handicap à leurs petits. Pour preuve, j'étais tombé il y a peu sur un article qui publiait une liste de prénoms donnés en 2011, inconcevables pour la plupart. Voici un lien qui présente cette liste en question : http://www.tout-bon.com/les-pires-prenoms-en-2011/. Vous imaginez un gamin appelé Superman ? Je me demande comment les parents lui mettent ses couches avant de lui offrir son premier slip...
Enfin, il faut que les prénoms choisis s’accordent bien à votre patronyme. Le mien, je l’aime bien (il signifie Chaudron des Ases en vieux norrois, la classe Mc Fly), mais tout ne va pas forcément avec. Chérie avait pensé à Antonin. Mouais, pourquoi pas ; sauf que ça me fait penser à la fausse pub du Père Ducrasse des Inconnus. Et puis, mon frangin s’appelle déjà Anthony.
Une fois les prénoms trouvés, vous pouvez si vous le souhaitez vous faire plaisir avec des hortografs impossibles. Mon travail m’amène à me rendre parfois en crèche, pour initier les nains aux joies de l’archéologie, à travers de petits ateliers. Là où je bosse, la population est très cosmopolite (chose que j’apprécie au passage, vive la fraternité des peuples) et du coup, les petits ont des prénoms qui n'appartiennent pas à notre culture (et qui paraissent donc bizarres). Mais s'il y a un prénom qui là-bas m'a marqué, c'est bien celui de Ashley. Enfin, Ashley… ça, c’est l’orthographe officielle. Celle de la crèche s’appelait plutôt Achelet. Je ne déconne pas ! Les parents étaient peut-être fans des chanteurs feu Pierre Bachelet et Ashley Tisdale et en ont fait un mix.
Avec Chérie, nous avons réussi l'épreuve des prénoms, non sans mal. Joie ! Joie ? Que nenni amis blogueurs ! Parce qu’un prénom ne suffit pas forcément. Figurez-vous qu’on connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a eu de sérieux problèmes en Grèce parce qu’un homonyme avec les mêmes caractéristiques physiques avait fait quelque chose d’illégal (ne me demandez pas quoi, puisque je ne connais que le quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un et non le quelqu’un dont il est question, vous me suivez ?). Vous l’aurez compris, il n’avait qu’un seul prénom. C’est ballot car s’il avait eu un deuxième prénom ça lui aurait évité une semaine de taule !!!
Et donc rebelote, il nous a fallu chercher un second prénom. Garçon et fille. Pour être honnête, cette fois on s’est rabattu sur le prénom encore dans le vent de mon grand-père et sur un prénom de fille qu'aimait bien une grand-mère de Chérie.
Mais êtes-vous saufs pour autant ? Pas tout à fait. Il suffit qu’une connaissance accouche avant vous et ait donné un prénom que vous aviez choisi pour tout recommencer (enfoirée) !!! Alors un bon conseil : n’ébruitez pas vos idées.